Pour accompagner la publication ce mois-ci chez Kimé de Premiers récits : Le Mythe d’Ulysse, inédit suivi de L’Idylle (1936) et du Dernier mot (1935), édition établie par Leslie Hill et Philippe Lynes, nous publions ici un texte de ce dernier, chercheur à l’université de Durham en Angleterre. Il y retrace la généalogie du motif odysséen, au croisement entre littérature et philosophie, dans l’œuvre de Blanchot, et il présente des aperçus neufs sur ses rapports avec certains textes de Giraudoux, de Claudel et de Giono.
Il y a presque 80 ans, disparaissait brutalement Jean Giraudoux, dramaturge et romancier alors au faîte de sa gloire. Dans les années qui précédèrent sa mort, Sartre et Blanchot, encore jeunes auteurs, consacraient à son œuvre dans Situation I et dans Faux Pas des articles marquants où était posée la question du langage et de la confiance à lui accorder. En arrière-plan se laissaient deviner les interrogations de Paulhan exprimées à la même époque dans les Fleurs de Tarbes. Ce colloque sera l’occasion de se demander quelle place occupe l’œuvre de Giraudoux dans ces réflexions, d’explorer ces questionnements qui conduisent Sartre et Blanchot, dialoguant avec elle mais aussi avec celle de Paulhan, à définir leur propre position face au langage.
Date : samedi 14 octobre 2023 / 14 h – 17 h 40 dimanche 15 octobre 2023 / 10 h – 18 h 30
Louise Labé fut oubliée pendant des siècles. Certains gouvernements interdisent la lecture de Salman Rushdie. Le Prix Nobel a récompensé Annie Ernaux mais oublié Virginia Woolf ou René Char. À quoi tient la notoriété des œuvres ? À leurs qualités intrinsèques, à leur impact réel, potentiel ou secret, mais pas seulement. Les circonstances qui en encadrent l’accès sont nombreuses.
Le 20 février 2003, il y a 20 ans jour pour jour, disparaissait Maurice Blanchot. Cette mort survenait quelques jours avant l’ouverture du premier colloque qui lui fut consacré en France. L’œuvre de Blanchot était alors, depuis une trentaine d’années, largement commentée. Peut-être, ces derniers temps, l’intensité critique est-elle un peu retombée. Il ne faut pas s’en inquiéter. L’œuvre demeure. Elle appelle et appellera encore de nouveaux lecteurs. Avec Thomas le solitaire, Leslie Hill et Philippe Lynes nous ont récemment offert une version initiale intégrale de Thomas l’obscur. Les traductions se multiplient. Un colloque aura bientôt lieu au Japon. In memoriam Maurice Blanchot.
La soutenance d’Habilitation à Diriger des Recherches de Jérémie Majorel aura lieu le mardi 15 novembre à 9h, à l’Université de Picardie Jules Verne (salle D101, Tour Signal, Citadelle, 10 rue des Français Libres, 80080 Amiens).
La synthèse intitulée désir d’interprétation / interprétation du désir est accompagnée d’un inédit portant sur L’Intime et le Politique : le XXIe siècle à l’épreuve de dramaturges vivants.
Le jury est composé de :
– Christophe Bident, PR en Arts du spectacle à l’Université de Picardie Jules Verne (garant) – Danielle Chaperon, PR de Littérature à l’Université de Lausanne (pré-rapporteuse) – Dominique Carlat, PR de Littérature à l’Université Lumière Lyon 2 – Maxime Decout, PR de Littérature à l’Université Paris Sorbonne (pré-rapporteur) – Julie Sermon, PR en Arts du spectacle à l’Université Lumière Lyon 2 – Christophe Triau, PR en Arts du spectacle à l’Université Paris Nanterre.
La soutenance sera suivie d’un pot, qui se tiendra dans la salle.
Patrick Kéchichian, à Paris, en septembre 2007. Photo: Parham Shahrjerdi
Patrick Kéchichian est mort le 18 octobre. Il était l’un des rares vrais journalistes littéraires encore vivants. Il est resté fidèle à l’œuvre de Blanchot, qu’il n’a jamais cessé de commenter. Membre de l’association des amis de Maurice Blanchot, il a été l’un des premiers à suggérer la possibilité d’organiser un colloque Blanchot à Cerisy. À l’occasion de la publication du livre Reconnaissances – Antelme, Blanchot, Deleuze (Calmann-Lévy, 2003) de Christophe Bident, il l’avait sollicité pour un entretien, paru dans Le Monde des livres le 16 janvier 2004. Nous en donnons ici la version intégrale.
Le 21 octobre 2022 à 14h00, à Amiens, Mayara DIONIZIO soutiendra une thèse de doctorat réalisée en co-tutelle, sous la double direction de Christophe BIDENT (Professeur à l’Université de Picardie Jules Verne) et de André de Macedo DUARTE (Professeur à l’Université de Parana, Brésil).
La thèse est intitulée Les Préfigurations de la mort comme sujet : le Lazare de Blanchot.
La soutenance se déroulera pour partie en français et pour partie en portugais. Elle est publique et aura lieu en salle D101, dans la Tour Signal du site de la Citadelle, réhabilité en 2018 par Renzo Piano.
Les autres membres de jury sont Maxime DECOUT (Professeur, Sorbonne Université), Leslie HILL (Professeur émérite, Université de Warwick, Angleterre), Jérémie MAJOREL (Maître de conférences, Université de Lyon 2), Rafael HADDOCK-LOBO (Professeur, Université Fédérale de RIo de Janeiro, Brésil), Ana KIFFER (Professeure, PUC Rio de Janeiro) et José Fernandes WEBER (Professeur, Université d’État de Londrina, Brésil).
Maurice Blanchot, Thomas le Solitaire, éditions Kimé, mai 2022
À sa mort survenue le 20 février 2003, Maurice Blanchot, on le sait, a laissé derrière lui dans divers endroits un ensemble important d’objets, dont livres et photos, et de documents personnels, parmi lesquels des manuscrits, des épreuves, des notes de lecture, des traductions partielles, et des correspondances. Ceux-ci ont été largement dispersés par la suite, on le sait aussi, selon des voies hasardeuses et aléatoires. N’auraient échappé à ce sort que les papiers personnels de l’écrivain entreposés dans le pavillon de banlieue au Mesnil-Saint-Denis dans les Yvelines où il a passé les dernières années de sa vie. Après bien des détours, ces archives ont été acquises en 2015 par la Houghton Library de l’Université de Harvard qui les a mises à la disposition des chercheurs et lancé un important programme de numérisation.
En octobre 2021, le numéro 15 du bulletin des éditions Suiseisha, Missive Comète, a édité un dossier spécial sur « Blanchot pendant la deuxième guerre mondiale », avec la contribution de Shinichiro Yasuhara et cinq traducteurs, à la suite de la parution de la traduction des Chroniques littéraires du Journal des débats.
Pour Shinichiro Yasuhara, Blanchot a peut-être essayé d’accomplir la tentative de « servir de Vichy contre Vichy » en écrivant sur la littérature dans Les Journal des débats, journal aidé financièrement par le gouvernement Vichy (« Écrire en France pendant la deuxième guerre mondiale »).
Il y a un peu plus d’un mois, un ami vient de me l’apprendre, est sorti chez Hermann, dans la collection Le Bel Aujourd’hui dirigée par Danielle Cohen-Levinas, un nouvel opuscule signé Michel Surya, qui reprend quelques pages parues d’abord dans la traduction allemande de son livre polémique de 2015, L’Autre Blanchot, et publiées en mai 2020 dans la revue Lignes — L’Autre Blanchot (suite et fin), y proclamait l’auteur —, assorties de deux lettres de Jean-Luc Nancy, du 29 octobre 2019 et du 9 janvier 2020, dont la seconde comporte un post-scriptum (décembre 2020) sur lequel je reviendrai. Dans ce supplément de son travail de 2015, comme l’indique son titre (À plus forte raison: Maurice Blanchot, 1940-1944), Surya entend jeter un jour nouveau sur les activités politiques de Blanchot sous l’Occupation, notamment sa collaboration au Journal des Débats entre 1941 et 1944 et l’épisode de la mise en joue de l’été 1944 dont L’Instant de ma mort raconte les grands traits. Du nouveau, pourtant, dans la prose inutilement alambiquée de Michel Surya, on peine à le trouver. Déjà dans L’Autre Blanchot, comme j’ai pu le démontrer (dans Nancy, Blanchot: A Serious Controversy, ouvrage paru en anglais en 2018, et Blanchot politique : sur une réflexion jamais interrompue, livre publié en français aux éditions Furor en 2020), Surya procédait par citations trafiquées, lectures hâtives, interprétations tendancieuses, phrases arrachées à leur contexte, et amalgames peu crédibles, pour soutenir qu’avant-guerre Blanchot journaliste aurait été proche d’un certain fascisme ouvertement antisémite. Intervention d’une singulière mauvaise foi et dénuée de preuves historiques fiables, et dont la seule raison d’être, en faisant croire à son autorité pourtant nulle en la matière, est de mettre en valeur le nom même de Michel Surya.
On aime souvent croire que Blanchot opposa la littérature à la vie, maintint l’œuvre dans la limite des jeux formels, méprisa l’anecdote et priva l’écrivain, à commencer par lui-même, du moindre trait biographique. Cela n’a jamais été vraiment le cas. Si Blanchot affirma que « sa vie est entièrement vouée à la littérature et au silence qui lui est propre », cela signifie aussi que la vie, à commencer par la sienne, est entièrement versée dans la littérature. Ce livre mesure les enjeux intimes, psychologiques, historiques, politiques, esthétiques et littéraires d’une telle conception. Il s’écrit comme une fiction documentée, qui propose l’histoire d’une écriture accueillant la vie tout en disposant d’elle, chez Blanchot, même chez Blanchot, et au-delà.