Espace Maurice Blanchot

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Thomas le Solitaire

Maurice Blanchot, Thomas le Solitaire, éditions Kimé, mai 2022

À sa mort survenue le 20 février 2003, Maurice Blanchot, on le sait, a laissé derrière lui dans divers endroits un ensemble important d’objets, dont livres et photos, et de documents personnels, parmi lesquels des manuscrits, des épreuves, des notes de lecture, des traductions partielles, et des correspondances. Ceux-ci ont été largement dispersés par la suite, on le sait aussi, selon des voies hasardeuses et aléatoires. N’auraient échappé à ce sort que les papiers personnels de l’écrivain entreposés dans le pavillon de banlieue au Mesnil-Saint-Denis dans les Yvelines où il a passé les dernières années de sa vie. Après bien des détours, ces archives ont été acquises en 2015 par la Houghton Library de l’Université de Harvard qui les a mises à la disposition des chercheurs et lancé un important programme de numérisation.

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Missive Comète au Japon

En octobre 2021, le numéro 15 du bulletin des éditions Suiseisha, Missive Comète, a édité un dossier spécial sur « Blanchot pendant la deuxième guerre mondiale », avec la contribution de Shinichiro Yasuhara et cinq traducteurs, à la suite de la parution de la traduction des Chroniques littéraires du Journal des débats.

Pour Shinichiro Yasuhara, Blanchot a peut-être essayé d’accomplir la tentative de « servir de Vichy contre Vichy » en écrivant sur la littérature dans Les Journal des débats, journal aidé financièrement par le gouvernement Vichy (« Écrire en France pendant la deuxième guerre mondiale »). 

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À moindres frais : réponse à une polémique de Michel Surya | Leslie Hill

Il y a un peu plus d’un mois, un ami vient de me l’apprendre, est sorti chez Hermann, dans la collection Le Bel Aujourd’hui dirigée par Danielle Cohen-Levinas, un nouvel opuscule signé Michel Surya, qui reprend quelques pages parues d’abord dans la traduction allemande de son livre polémique de 2015, L’Autre Blanchot, et publiées en mai 2020 dans la revue LignesL’Autre Blanchot (suite et fin), y proclamait l’auteur —, assorties de deux lettres de Jean-Luc Nancy, du 29 octobre 2019 et du 9 janvier 2020, dont la seconde comporte un post-scriptum (décembre 2020) sur lequel je reviendrai. Dans ce supplément de son travail de 2015, comme l’indique son titre (À plus forte raison: Maurice Blanchot, 1940-1944), Surya entend jeter un jour nouveau sur les activités politiques de Blanchot sous l’Occupation, notamment sa collaboration au Journal des Débats entre 1941 et 1944 et l’épisode de la mise en joue de l’été 1944 dont L’Instant de ma mort raconte les grands traits. Du nouveau, pourtant, dans la prose inutilement alambiquée de Michel Surya, on peine à le trouver. Déjà dans L’Autre Blanchot, comme j’ai pu le démontrer (dans Nancy, Blanchot: A Serious Controversy, ouvrage paru en anglais en 2018, et Blanchot politique : sur une réflexion jamais interrompue, livre publié en français aux éditions Furor en 2020), Surya procédait par citations trafiquées, lectures hâtives, interprétations tendancieuses, phrases arrachées à leur contexte, et amalgames peu crédibles, pour soutenir qu’avant-guerre Blanchot journaliste aurait été proche d’un certain fascisme ouvertement antisémite. Intervention d’une singulière mauvaise foi et dénuée de preuves historiques fiables, et dont la seule raison d’être, en faisant croire à son autorité pourtant nulle en la matière, est de mettre en valeur le nom même de Michel Surya.

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La vie versée dans les récits | Christophe Bident

On aime souvent croire que Blanchot opposa la littérature à la vie, maintint l’œuvre dans la limite des jeux formels, méprisa l’anecdote et priva l’écrivain, à commencer par lui-même, du moindre trait biographique. Cela n’a jamais été vraiment le cas. Si Blanchot affirma que « sa vie est entièrement vouée à la littérature et au silence qui lui est propre », cela signifie aussi que la vie, à commencer par la sienne, est entièrement versée dans la littérature. Ce livre mesure les enjeux intimes, psychologiques, historiques, politiques, esthétiques et littéraires d’une telle conception. Il s’écrit comme une fiction documentée, qui propose l’histoire d’une écriture accueillant la vie tout en disposant d’elle, chez Blanchot, même chez Blanchot, et au-delà.

Chroniques littéraires au Japon

Après cinq ans de travaux, la traduction japonaise des Chroniques littéraires du Journal des débats – Avril 1941-août 1944 a paru en septembre 2021, aux éditions Suiseisha. Elle a été assurée par Kai Gohara, Hiroaki Momma, Manabu Ishikawa, Ryota Ito et Hanako Takayama. Au Japon, elle fait suite à la publication de la traduction de L’Entretien infini, en trois volumes, en 2016 et 2017. Les principaux ouvrages de Blanchot sont maintenant tous disponibles en japonais, à l’exception de L’Amitié et de deux livres fragmentaires. 

Rétrospective Hugo Santiago à la Cinémathèque française

Hugo Santiago
Du 9 au 19 décembre 2021La Cinémathèque française

Maurice Blanchot  (Hugo Santiago / France / 1998 / 57 min / Numérique)

Mercredi 15 décembre 2021, 21h00 – Salle Jean Epstein → 22h00 (57 min), Séance présentée par Christophe Bident

Argentin de Paris, c’est pourtant à Buenos Aires qu’Hugo Santiago (1939-2018) réalise son premier film, Invasión, scénarisé avec un tandem de grands écrivains, Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares. Il y invente une forme de fantastique urbain un peu lancinant, une esthétique du secret et de la conspiration qui imprègne toute son œuvre de fiction principalement tournée en France, à côté de documentaires pour la télévision. Cinéaste désormais culte, Hugo Santiago marie, dans ses films, rigueur de la mise en scène et imaginaire littéraire de l’Amérique du Sud.

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Blanchot politique | Leslie Hill

On le compte parmi les plus illustres : écrivain hors pair, critique littéraire d’une rare sensibilité et d’une influence sans égale, artisan de la déconstruction avant la lettre, penseur de la littérature dans ce qu’elle a de plus exigeant. Et pourtant plane sur l’œuvre un doute ou un soupçon, si ce n’est, selon la rumeur, un blâme ou une faute : les enga­gements politiques de l’écrivain d’avant-guerre. On le sait : entre 1931 et le mois de juillet 1940, Maurice Blanchot a mené une activité de journaliste politique dans la presse de droite, nationaliste, parfois extrémiste. Ces textes politiques d’avant-guerre, on croit les connaître, mais jusqu’ici, par embarras ou par hostilité bien-pensante, on ne les a quasiment jamais lus. Et l’on a tout autant évité de s’interroger sur le rapport entre l’œuvre du romancier et du critique littéraire et ses enga­gements politiques ultérieurs, sous l’Occupation, contre la République gaullienne, contre la guerre d’Algérie, contre l’anti­sémi­tisme, pour un certain communisme. C’est à cette tâche pourtant essentielle que s’emploie avec rigueur et pour la première fois ce Blanchot politique. En ressort un portrait plus exact et encore inédit de celui dont Georges Bataille disait qu’il était « bien l’esprit le plus original de son temps ».

Disparition de Pierre Madaule

Pierre Madaule vient de mourir, dans sa 93e année. Il aura publié l’un des tout premiers livres sur Blanchot, Une tâche sérieuse ?, chez Gallimard en 1973. Qu’une phrase ou deux de littérature puissent suffire à bouleverser une vie, Madaule en porte un témoignage exemplaire : c’est le retrait de quelques lignes lors de la réédition de L’Arrêt de mort, dont il s’aperçut, qui le marquera jusqu’à la fin de ses jours. Il restera comme envoûté par ce manquement et par tout ce qu’il signifie de l’œuvre dont il permet, en creux, l’orientation de la lecture. Une lecture parfois décriée comme monomaniaque, mais assurément singulière.
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L’hommage de Patrick Kéchichian dans le journal Le Monde

Cahiers Maurice Blanchot n° 6

Cahiers Maurice Blanchot n° 6
Point de signe plus éloquent de l’intense intérêt suscité par l’œuvre de Blanchot sur le plan international, que les divers colloques, journées de travail et autres activités qui continuent de se produire en Amérique du Sud. Nous sommes très heureux d’accueillir dans ce numéro quelques-unes des interventions lors d’un récent colloque qui s’est tenu à Santiago, et dont le thème – Écriture et Pouvoir – non seulement demeure d’une très grande pertinence pour tout lecteur de Blanchot, mais interpelle chacun de nous aujourd’hui où, partout en Europe, partout dans le monde, les relations entre politique, pouvoir et violence entrent dans une nouvelle et parfois inquiétante phase. Comment ignorer, devant les crises qui ne cessent de se multiplier, que les interrogations les plus graves suscitées par l’œuvre et la vie de Blanchot ne cessent de résonner au cœur politique de notre actualité ? Toujours dans cette perspective internationale, Jean-François Hamel commente autour d’une lettre inédite l’intérêt de Blanchot pour la révolution cubaine. Et nous ouvrons le numéro avec un ensemble précieux de lettres envoyées à François Dominique, qui éclairent un des derniers projets éditoriaux de Blanchot, et témoignent d’un engagement au nom des persécutées et contre l’oppression qui a duré jusqu’à la fin de ses jours. Dans ce numéro des Cahiers Maurice Blanchot, la question n’est pas tant d’ausculter le rapport que Blanchot entretient avec le ou la politique, que d’interroger ce qui, dans son œuvre, fait politique. Aussi, il s’avère nécessaire d’interroger le concept de politique sans le figer dans des prédicats et sans le soustraire non plus à l’histoire et aux engagements de Blanchot. Le dossier que nous présentons rend hommage à cette dimension d’événement qui porte en lui une béance irréductible que l’on peut aussi entendre comme un avènement, comme une force séminale pour la pensée et l’écriture.

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