Espace Maurice Blanchot

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décembre

« Qui saura jamais dire, écrire ce qui se passe dans un battement ? » | Jonathan Degenève

A propos de l’essai de Ginette Michaud : Tenir au secret (Derrida, Blanchot)

Ginette Michaud aborde la question du secret en derridienne. Il est vrai, c’est un certain type de secret qu’elle interroge dans Tenir au secret qui paraît chez Galilée (Paris, 2006) : c’est celui qui se noue entre Blanchot et Derrida, justement, et ce à travers L’Instant de ma mort[1] et Demeure[2], mais également à travers une lettre de Blanchot à Derrida. A l’endroit de cette lettre, Ginette Michaud fait d’ailleurs plus qu’explorer, en en proposant une « entrelecture » (p. 12), tous ces nouages qu’il y a entre un récit et un commentaire, un commentaire et un document, un document et un témoignage. Car à l’endroit de cette lettre dans laquelle Blanchot dit à Derrida qu’il « connu[t] le bonheur d’être presque fusillé » (p. 65), celle qui chemine fait « un pas de côté » (p. 11) par rapport à celui qu’elle accompagne par ailleurs de si près, un pas de côté qui l’éloigne un peu du philosophe et qui la rapproche sinon davantage de l’écrivain du moins de l’écriture. La figure de « l’acolyte » rencontre alors celle de « l’anacoluthe » (p. 126), pour le dire avec une formule qui appartient certes à Derrida, mais que Ginette Michaud semble avoir fait sienne à ce point qu’elle s’en sert comme d’un levier pour introduire et creuser un écart. C’est un décrochage critique, si l’on veut, et il laisse la place à une distance au sein d’une proximité toujours très grande. Or, c’est dans la mesure de ce recul que se tient précisément le secret mais aussi, et peut-être surtout, l’amitié et la responsabilité. Ainsi, tout reste relié, fût-ce par le biais d’une interruption. Reste à savoir comment et pourquoi.  

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La conversion de Blanchot | Didier Cahen

« Dans l’œuvre l’homme parle, mais l’œuvre donne voix, en l’homme, à ce qui ne parle pas ».

Maurice Blanchot, L’espace littéraire

Avec la mort tout devient simple ! Jamais adage ne fut plus amplement vérifié. A l’occasion du premier anniversaire de la disparition de Maurice Blanchot, peut-être le temps est-il venu de faire le point.

Rappelons, pour commencer, les faits. Maurice Blanchot est attaqué avec constance en raison de son indéniable engagement politique à la droite de la droite dans les années 30 ; par ailleurs, son œuvre, qui porte haut « la mort », est régulièrement accusée de se complaire dans le nihilisme  et « la nécrophilie » (1). Ce que récusent, arguments à l’appui, les plus fervents lecteurs de l’œuvre ! Vaine querelle, dira-t-on, si elle ne concernait l’un des penseurs et écrivains majeurs du XXème siècle, puisqu’au moins sur ce point les opinions convergent.

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