Espace Maurice Blanchot

www.blanchot.fr

Timing Blanchot

Le 2 novembre 2018, à la Maison Française de New York University (NYU), s’est tenu un colloque intitulé « Timing Blanchot ». 

Zakir Paul et Denis Hollier, les organisateurs, ont ouvert la journée en évoquant le Blanchot des années trente et quarante. Dans la continuité du travail extrêmement juste et informé qu’il mène depuis plusieurs années, Zakir Paul, traducteur en anglais des Écrits politiques, a évoqué un Blanchot « préoccupé » par les questions de terreur et de non-violence et par le déclin spirituel de la nation française. Il s’est appuyé notamment sur ce texte étrange qu’est l’article sur Mahatma Gandhi. Sa critique fort juste des derniers opus de Surya et Nancy montre que ces derniers, comme d’autres auparavant, cherchent surtout à lire Blanchot avec leurs propres « préoccupations ». Denis Hollier s’est intéressé de très près aux Chroniques littéraires du Journal des débats. Sa lecture d’un article comme « Le silence des écrivains », où Blanchot prend en compte la difficulté d’écrire en temps de guerre et d’occupation, et tente paradoxalement d’interroger les livres qui n’ont pas paru plutôt que ceux qui ont été publiés, lui a permis de mettre en perspective d’autres chroniques, consacrées à quelques écrivains régionalistes et réalistes, et d’affirmer notamment que toute cette activité critique a pour objectif de préparer la réception de romans comme Thomas l’obscur et Aminadab. Car pour Blanchot alors, comme le formule joliment Denis Hollier, la littérature de la défaite est une défaite de la littérature.

Read More …

Disparition de Hugo Santiago

Hugo Santiago est mort, mardi 27 février.
Après avoir écrit il y a quinze ans : “Maurice Blanchot est mort”, me voici contraint d’écrire : “Hugo Santiago est mort”. Et cela, paradoxalement, au moins immédiatement, a une résonance encore plus forte en moi. Hugo m’a appris à faire un film. Nous avons fait ce film sur Blanchot ensemble. Il m’a associé du début à la fin. Ce processus de création a accompagné celui de mon Partenaire invisible. Le film, le livre sont sortis la même année, il y a juste vingt ans, en 1998. Et tant d’amis, à l’un comme à l’autre, ont été associés. Il reste le magnifique auteur de Invasion. Il reste pour moi un des rares et des plus incroyables lecteurs de Blanchot. Il voyait dans les livres ce que nous ne voyons pas. Il voyait dans Le Très-Haut un roman sud-américain. Il est resté jusqu’au bout un lecteur incroyable, suivant toutes les “affaires”, ayant les jugements les plus justes et les plus tranchants. Il était capable, après avoir parlé beaucoup, d’énoncer quelques mots retentissants. J’en entends beaucoup, encore. J’écrirai pour toi, viejo lobo.

Christophe Bident

Read More …

Cahiers Maurice Blanchot n° 05

« Peut-il y avoir un récit pur ? » À cette question, posée par Maurice Blanchot en 1954, celui-ci avait déjà cherché à répondre en écrivant, entre 1948 et 1953, un « triptyque » de récits : L’Arrêt de mort (1948), Au moment voulu (1951), Celui qui ne m’accompagnait pas (1953). De l’un à l’autre, la narration s’est vue progressivement allégée de « l’épaisseur romanesque » à l’intérieur de laquelle le récit s’est enfoui à l’époque moderne, et que les propres romans de Blanchot avaient alourdie parfois à outrance.
Toutefois, aller du roman au récit pour Blanchot, c’était moins épurer l’acte narratif que dégager pleinement ce qui rend cet acte imperfectible et de ce fait, interminable. Si narrer donne lieu à un mouvement que le roman ne maîtrisait pas et ne pouvait que subir, ce mouvement représente pour le récit un seul et unique événement, qu’il a pour tâche de rendre présent en le racontant. Tâche vouée à l’échec, mais qui se renouvelle sans cesse, et à laquelle le « pas de récit, plus jamais », proféré au tournant même qui rendait au récit ses pleins droits, ne met pas fin, la proclamant au contraire dans toute sa pérennité.

Read More …

Maurice Blanchot | Colloque de Genève

parution le 15 octobre 2017

Maurice Blanchot
Colloque de Genève

Le colloque Maurice Blanchot, « La littérature encore une fois », s’est tenu à la Comédie de Genève les 17, 18, 19 et 20 mai 2017. Il a été organisé par les Éditions Furor et par l’Association des amis de Maurice Blanchot. Aux textes des interventions réunis dans ce livre s’ajoutent, en aparté, un entretien avec Benoît Jacquot et des impromptus sur son film, réalisé en 1970, intitulé « Lecture du chapitre X de Thomas l’Obscur de Maurice Blanchot ».

Read More …

Colloque « La littérature encore une fois »

Maurice Blanchot

« La littérature encore une fois »

Colloque international

17-20 mai 2017
Éditions Furor & Association des amis de Maurice Blanchot

La Comédie de Genève6, boulevard des Philosophes, Genève

– Cette idée, tant de fois proposée et toujours déplacée, c’est que dans la littérature se jouerait quelque affirmation irréductible à tout processus unificateur, ne se laissant pas unifier et elle-même n’unifiant pas, ne provoquant pas à l’unité. C’est pourquoi nous ne pouvons la saisir que par le biais d’une suite de négations, car c’est toujours en termes d’unité que la pensée, à un certain niveau, compose ses références positives. C’est pourquoi aussi la littérature n’est pas vraiment identifiable, si elle est faite pour décevoir toute identité et pour tromper la compréhension comme pouvoir d’identifier. Qu’à côté de toutes les formes de langage où se construit et se parle le tout, parole d’univers, parole du savoir, du travail et du salut, il faille pressentir une tout autre parole libérant la pensée d’être toujours seulement pensée en vue de l’unité, voilà donc ce qui peut-être nous resterait encore au fond du creuset.
– Du moins momentanément.

Maurice Blanchot

Organisation
Christophe Bident, Jonathan Degenève, Leslie Hill, Sabine Kaufmann, Hervé Loichemol, Jérémie Majorel, Parham Shahrjerdi, Daniel Wilhem.

Plaquette de présentation
Présentation sur le site des Editions Furor

Cahiers Maurice Blanchot n° 04

Le quatrième Cahier Maurice Blanchot présente deux dossiers importants. Premièrement, renouvelant une collaboration qui remonte jusqu’aux années Gramma, Christian Limousin et Michael Holland ont réuni plusieurs études au sujet des relations d’amitié qui se sont tissées entre Maurice Blanchot et Georges Bataille à partir de leur rencontre en 1940. Cette amitié est devenue un poncif de l’histoire littéraire du xxe siècle en France, au mépris souvent des réalités qui en ont fait, contre toute épreuve, un des plus grands foyers d’activité intellectuelle que ce siècle aura connu. Interrogeant les divers aspects qui caractérisent les relations entre les deux écrivains (autorité, amitié, communauté, expérience), les abordant à la lumière des appartenances et des fidélités qui leur étaient communes, les auteurs du dossier offrent une perspective rigoureusement internationale sur un sujet qui en France tend depuis un certain temps à se figer en s’appauvrissant. Théorique, critique mais aussi littéraire, ce dossier pose les jalons d’une lecture digne des rapports entre deux grands écrivains qui, comme le montre notre second dossier, ne cessent d’interroger notre actualité. En conclusion de ce dossier nous proposons une deuxième livraison de notre rubrique « L’Archive introuvable », consacrée aux correspondances de Blanchot et de Bataille au sujet du deuxième numéro de la revue Actualité, qui finalement n’a pas paru.

Read More …

Les archives de Maurice Blanchot

L’intégralité des archives de Maurice Blanchot qui se trouvait dans sa maison du Mesnil Saint-Denis, où il résida durant les quarante dernières années de sa vie, est désormais déposée à la bibliothèque universitaire de Harvard. Intégralité : on y trouve aussi bien des manuscrits que des correspondances et des bulletins de santé. Si le cheminement de ces archives est encore flou, on doit à la persévérance et aux moyens de Harvard que ces archives n’aient pas été dispersées, perdues ou brûlées. On rappellera ici que Harvard avait déjà acheté il y a quelques années le tapuscrit intégral, corrigé de la main de Blanchot, de L’Entretien infini.
Mieux : ces archives sont librement accessibles à tout chercheur.
On peut s’interroger sur l’indécence de cette vente intégrale et de cette mise à disposition de documents à caractère privé, que certains auteurs n’auraient certainement pas souhaité voir ainsi communiqués. On peut aussi se demander ce qui va advenir de la collection ouverte aux éditions Kimé intitulées “Archives Maurice Blanchot”. On peut encore plaider pour la constitution d’un comité scientifique international qui pourrait organiser une publication cohérente et informée.
Mais il faut évidemment se réjouir que ces archives soient désormais accessibles aux chercheurs, aux curieux, aux passionnés de cette œuvre. Le partenaire y perdra quelques zones d’invisibilité… sans que l’œuvre cesse de ménager son secret.

N’en déplaise | Michael Holland | À propos de Lignes, n°43

« N’en déplaise. (Pour une pensée conséquente) »
Michael Holland
A propos de Lignes, n°43, mars 2014, « Les Politiques de Maurice Blanchot 1930-1993 », 240 pages :

[…] Quand on se retourne vers l’utilisation qui est faite du terme fascisme dans ces analyses, le basculement dans la morale est encore plus abrupt. M. Surya ne s’y attarde pas longtemps, étant plus intéressé, on l’a vu, par l’équivalence qu’il perçoit entre l’adhésion de Heidegger au national-socialisme et celle de Blanchot à ce qu’il dénomme « le nationalisme fascisant français » (p. 21). Et en conclusion de son étude il se sert d’une autre équivalence pour reléguer la question du fascisme au second plan : « Si on se demande en effet en quel sens et combien Blanchot fut ou ne fut pas fasciste, ce qu’il ne prétendit d’ailleurs pas, dans les années 1930, on ne se demande pas encore assez en quel sens et combien il fut ou ne fut pas communiste » (p. 60). Ainsi, s’il peut dénicher « une phrase […] incontestablement fasciste » (p. 38) dans un des textes de L’Insurgé, il affirme que « la question de savoir si Blanchot fut ou non “fasciste”, ou s’il fut  “seulement” d’extrême-droite semble du coup superflue » (p. 38).

Read More …