Espace Maurice Blanchot

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Rétrospective Hugo Santiago à la Cinémathèque française

Hugo Santiago
Du 9 au 19 décembre 2021La Cinémathèque française

Maurice Blanchot  (Hugo Santiago / France / 1998 / 57 min / Numérique)

Mercredi 15 décembre 2021, 21h00 – Salle Jean Epstein → 22h00 (57 min), Séance présentée par Christophe Bident

Argentin de Paris, c’est pourtant à Buenos Aires qu’Hugo Santiago (1939-2018) réalise son premier film, Invasión, scénarisé avec un tandem de grands écrivains, Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares. Il y invente une forme de fantastique urbain un peu lancinant, une esthétique du secret et de la conspiration qui imprègne toute son œuvre de fiction principalement tournée en France, à côté de documentaires pour la télévision. Cinéaste désormais culte, Hugo Santiago marie, dans ses films, rigueur de la mise en scène et imaginaire littéraire de l’Amérique du Sud.

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Blanchot politique | Leslie Hill

On le compte parmi les plus illustres : écrivain hors pair, critique littéraire d’une rare sensibilité et d’une influence sans égale, artisan de la déconstruction avant la lettre, penseur de la littérature dans ce qu’elle a de plus exigeant. Et pourtant plane sur l’œuvre un doute ou un soupçon, si ce n’est, selon la rumeur, un blâme ou une faute : les enga­gements politiques de l’écrivain d’avant-guerre. On le sait : entre 1931 et le mois de juillet 1940, Maurice Blanchot a mené une activité de journaliste politique dans la presse de droite, nationaliste, parfois extrémiste. Ces textes politiques d’avant-guerre, on croit les connaître, mais jusqu’ici, par embarras ou par hostilité bien-pensante, on ne les a quasiment jamais lus. Et l’on a tout autant évité de s’interroger sur le rapport entre l’œuvre du romancier et du critique littéraire et ses enga­gements politiques ultérieurs, sous l’Occupation, contre la République gaullienne, contre la guerre d’Algérie, contre l’anti­sémi­tisme, pour un certain communisme. C’est à cette tâche pourtant essentielle que s’emploie avec rigueur et pour la première fois ce Blanchot politique. En ressort un portrait plus exact et encore inédit de celui dont Georges Bataille disait qu’il était « bien l’esprit le plus original de son temps ».

Disparition de Pierre Madaule

Pierre Madaule vient de mourir, dans sa 93e année. Il aura publié l’un des tout premiers livres sur Blanchot, Une tâche sérieuse ?, chez Gallimard en 1973. Qu’une phrase ou deux de littérature puissent suffire à bouleverser une vie, Madaule en porte un témoignage exemplaire : c’est le retrait de quelques lignes lors de la réédition de L’Arrêt de mort, dont il s’aperçut, qui le marquera jusqu’à la fin de ses jours. Il restera comme envoûté par ce manquement et par tout ce qu’il signifie de l’œuvre dont il permet, en creux, l’orientation de la lecture. Une lecture parfois décriée comme monomaniaque, mais assurément singulière.
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L’hommage de Patrick Kéchichian dans le journal Le Monde

Cahiers Maurice Blanchot n° 6

Cahiers Maurice Blanchot n° 6
Point de signe plus éloquent de l’intense intérêt suscité par l’œuvre de Blanchot sur le plan international, que les divers colloques, journées de travail et autres activités qui continuent de se produire en Amérique du Sud. Nous sommes très heureux d’accueillir dans ce numéro quelques-unes des interventions lors d’un récent colloque qui s’est tenu à Santiago, et dont le thème – Écriture et Pouvoir – non seulement demeure d’une très grande pertinence pour tout lecteur de Blanchot, mais interpelle chacun de nous aujourd’hui où, partout en Europe, partout dans le monde, les relations entre politique, pouvoir et violence entrent dans une nouvelle et parfois inquiétante phase. Comment ignorer, devant les crises qui ne cessent de se multiplier, que les interrogations les plus graves suscitées par l’œuvre et la vie de Blanchot ne cessent de résonner au cœur politique de notre actualité ? Toujours dans cette perspective internationale, Jean-François Hamel commente autour d’une lettre inédite l’intérêt de Blanchot pour la révolution cubaine. Et nous ouvrons le numéro avec un ensemble précieux de lettres envoyées à François Dominique, qui éclairent un des derniers projets éditoriaux de Blanchot, et témoignent d’un engagement au nom des persécutées et contre l’oppression qui a duré jusqu’à la fin de ses jours. Dans ce numéro des Cahiers Maurice Blanchot, la question n’est pas tant d’ausculter le rapport que Blanchot entretient avec le ou la politique, que d’interroger ce qui, dans son œuvre, fait politique. Aussi, il s’avère nécessaire d’interroger le concept de politique sans le figer dans des prédicats et sans le soustraire non plus à l’histoire et aux engagements de Blanchot. Le dossier que nous présentons rend hommage à cette dimension d’événement qui porte en lui une béance irréductible que l’on peut aussi entendre comme un avènement, comme une force séminale pour la pensée et l’écriture.

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Timing Blanchot

Le 2 novembre 2018, à la Maison Française de New York University (NYU), s’est tenu un colloque intitulé « Timing Blanchot ». 

Zakir Paul et Denis Hollier, les organisateurs, ont ouvert la journée en évoquant le Blanchot des années trente et quarante. Dans la continuité du travail extrêmement juste et informé qu’il mène depuis plusieurs années, Zakir Paul, traducteur en anglais des Écrits politiques, a évoqué un Blanchot « préoccupé » par les questions de terreur et de non-violence et par le déclin spirituel de la nation française. Il s’est appuyé notamment sur ce texte étrange qu’est l’article sur Mahatma Gandhi. Sa critique fort juste des derniers opus de Surya et Nancy montre que ces derniers, comme d’autres auparavant, cherchent surtout à lire Blanchot avec leurs propres « préoccupations ». Denis Hollier s’est intéressé de très près aux Chroniques littéraires du Journal des débats. Sa lecture d’un article comme « Le silence des écrivains », où Blanchot prend en compte la difficulté d’écrire en temps de guerre et d’occupation, et tente paradoxalement d’interroger les livres qui n’ont pas paru plutôt que ceux qui ont été publiés, lui a permis de mettre en perspective d’autres chroniques, consacrées à quelques écrivains régionalistes et réalistes, et d’affirmer notamment que toute cette activité critique a pour objectif de préparer la réception de romans comme Thomas l’obscur et Aminadab. Car pour Blanchot alors, comme le formule joliment Denis Hollier, la littérature de la défaite est une défaite de la littérature.

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Disparition de Hugo Santiago

Hugo Santiago est mort, mardi 27 février.
Après avoir écrit il y a quinze ans : « Maurice Blanchot est mort », me voici contraint d’écrire : « Hugo Santiago est mort ». Et cela, paradoxalement, au moins immédiatement, a une résonance encore plus forte en moi. Hugo m’a appris à faire un film. Nous avons fait ce film sur Blanchot ensemble. Il m’a associé du début à la fin. Ce processus de création a accompagné celui de mon Partenaire invisible. Le film, le livre sont sortis la même année, il y a juste vingt ans, en 1998. Et tant d’amis, à l’un comme à l’autre, ont été associés. Il reste le magnifique auteur de Invasion. Il reste pour moi un des rares et des plus incroyables lecteurs de Blanchot. Il voyait dans les livres ce que nous ne voyons pas. Il voyait dans Le Très-Haut un roman sud-américain. Il est resté jusqu’au bout un lecteur incroyable, suivant toutes les « affaires », ayant les jugements les plus justes et les plus tranchants. Il était capable, après avoir parlé beaucoup, d’énoncer quelques mots retentissants. J’en entends beaucoup, encore. J’écrirai pour toi, viejo lobo.

Christophe Bident

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Cahiers Maurice Blanchot n° 05

« Peut-il y avoir un récit pur ? » À cette question, posée par Maurice Blanchot en 1954, celui-ci avait déjà cherché à répondre en écrivant, entre 1948 et 1953, un « triptyque » de récits : L’Arrêt de mort (1948), Au moment voulu (1951), Celui qui ne m’accompagnait pas (1953). De l’un à l’autre, la narration s’est vue progressivement allégée de « l’épaisseur romanesque » à l’intérieur de laquelle le récit s’est enfoui à l’époque moderne, et que les propres romans de Blanchot avaient alourdie parfois à outrance.
Toutefois, aller du roman au récit pour Blanchot, c’était moins épurer l’acte narratif que dégager pleinement ce qui rend cet acte imperfectible et de ce fait, interminable. Si narrer donne lieu à un mouvement que le roman ne maîtrisait pas et ne pouvait que subir, ce mouvement représente pour le récit un seul et unique événement, qu’il a pour tâche de rendre présent en le racontant. Tâche vouée à l’échec, mais qui se renouvelle sans cesse, et à laquelle le « pas de récit, plus jamais », proféré au tournant même qui rendait au récit ses pleins droits, ne met pas fin, la proclamant au contraire dans toute sa pérennité.

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