Espace Maurice Blanchot

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Reprise du Webinaire International Maurice Blanchot en 2025

L’équipe de direction du site Espace Maurice Blanchot reconduit en 2025 le webinaire international inauguré l’an dernier.

Chacune des quatre séances de 2024 a rassemblé entre vingt et trente participants et ce sont 58 personnes, depuis plusieurs continents, qui ont participé l’an dernier à au moins l’une d’entre elles.

Les deux premières séances ont été consacrées au Blanchot politique de Leslie Hill et aux travaux actuels de trois doctorants. Les deux suivantes ont porté sur la traduction et la valeur d’usage de Blanchot. Une publication des Actes est à venir sur le site.

Les deux prochaines séances auront lieu au printemps et porteront, l’une sur les liens entre Blanchot et la collection « La philosophie en effet » des éditions Galilée, l’autre sur la récente édition, par Leslie Hill et Philippe Lynes, d’une version d’Aminadab antérieure à celle qui fut publiée en 1942.

La séance consacrée à Aminadab aura lieu le 5 mai 2025 à 13h.

La séance consacrée à « La philosophie en effet » aura lieu en mai ou juin, à une date restant à déterminer.

Une tâche sérieuse

En 1973, Pierre Madaule publie chez Gallimard un des tout premiers livres portant sur l’œuvre de Blanchot : Une tâche sérieuse ? Madaule et Blanchot s’écrivaient alors depuis vingt ans et continueront à échanger ensuite. Après la mort de Blanchot, Madaule publiera cette correspondance (Gallimard, 2012).

Mais le livre de 1973 est aussi le début de ce qu’on pourrait nommer aujourd’hui une trilogie, composée par deux frères, Pierre et Edmond, l’aîné, qui use, lui, du pseudonyme de Puységur. Écrit en 1952-1953, publié en 1983 chez Flammarion, La Grande bibliothèque de Puységur est un récit présentant au lecteur une bibliothèque dont tous les livres sont incarnés par des figures féminines. Pierre Madaule poursuit ce travail avec Véronique et les Chastes (Ulysse fin de siècle, 1988), qui se déroule dans le même univers littéraire que La Grande bibliothèque.

Aujourd’hui, Stéphane Madaule, fils de Pierre, publie Mais voici la Sibylle de Puységur (Les impliqués, 2024), suite du récit de La Grande bibliothèque, où le personnage d’Edmond cherche des réponses supplémentaires aux mystères de la grande bibliothèque, dont les femmes font de la lecture… une tâche sérieuse. 

Webinaire international : Traduire Maurice Blanchot

Le webinaire international organisé par Christophe Bident et Jérémie Majorel reprend avec deux séances organisées le lundi 18 novembre et le vendredi 22 novembre 2024, chaque fois de 13 heures à 15 heures, heure française.

La séance du 22 novembre est consacrée à Traduire Maurice Blanchot. « Savons-nous tout ce que nous devons aux traducteurs et, plus encore, à la traduction ? » (Blanchot, L’Amitié). Il s’agira ici de revenir sur la propre poétique et politique des traducteurs de l’écrivain, en lien ou non avec ce qu’il a pu lui-même théoriser à ce propos ici ou là (dans « Traduire » par exemple). Nous déplacerons ainsi la focale : non plus sur Blanchot penseur de la traduction, voire traducteur amateur (de Hölderlin par exemple), mais sur Blanchot traduit en diverses langues (anglais américain, japonais, persan, portugais du Brésil…), et dans cette perspective prendre un cas, une seule phrase tirée d’une de ses œuvres qui ont pu faire l’objet d’une traduction, montrer les difficultés qu’elle pose en termes de réception, d’interprétation, mais aussi de création, d’invention d’une langue qui n’est plus celle de départ, mais pas non plus tout à fait celle d’arrivée… 

Nous pourrons écouter et discuter les quatre interventions suivantes :

« ‟Il” pour la singularité impersonnelle », par Kai Gohara ;

« Traduction terminée, traduction interminable », par Zakir Paul ;

Titre à préciser, par Victória Monteiro ;

« Traduire l’impossible », par Parham Shahrjerdi.

Lien Zoom :

https://u-picardie-fr.zoom.us/j/97155740198?pwd=RqDatTj6eWjeBcIVwRbo4fF8lTkrqE.1

Webinaire international : la valeur d’usage de Maurice Blanchot

Le webinaire international organisé par Christophe Bident et Jérémie Majorel reprend avec deux séances organisées le lundi 18 novembre et le vendredi 22 novembre, chaque fois de 13 à 15 heures, heure française.

La séance du 18 novembre est consacrée à la valeur d’usage de Maurice Blanchot. Il sera question de dire comment les textes de Blanchot peuvent être lus, relus, repris, utilisés, quitte à être mal compris, transformés, déplacés, dans d’importantes interrogations intellectuelles contemporaines. L’intitulé est doublement emprunté à Marx et à Bataille. Dans une suite de textes des années 1930, qui n’ont été publiés que de façon posthume, Bataille éclairait ce qu’il nommait « la valeur d’usage de Sade » et en quoi elle dispose à une « hétérologie ». Quelle est donc, aujourd’hui, la valeur d’usage de Blanchot ?

Nous pourrons écouter et discuter les trois interventions suivantes :

Attention vulnérable, par Parham Shahrjerdi

De l’actualité de certains débats sur le messianisme – de Blanchot à Levinas, Derrida et Pelbart, par Mayara Dionizio 

Aminadab, la terre et les profondeurs végétales : un Green Blanchot, par Philippe Lynes

Lien Zoom:

https://u-picardie-fr.zoom.us/j/99041349260?pwd=Mh2U5r0NnnX4uYlci2kd8aWHwCZIA9.1

Aminadab : version manuscrite

En septembre 1942, un an environ après la sortie de la première version de Thomas l’Obscur, Maurice Blanchot, ancien journaliste politique et critique littéraire au Journal des débats, fait paraître encore sous l’Occupation son deuxième grand roman, qui s’annonce sous ce titre quelque peu énigmatique, emprunté aux poèmes de Jean de la Croix : Aminadab. On sait que le roman était en chantier depuis le début des années 1930 ; on sait également qu’à la mort de Blanchot en 2003 un certain nombre de documents provenant des archives personnelles de l’écrivain ont été acquis par la Bibliothèque Houghton de Harvard qui les a mis à la disposition des chercheurs et lancé un important programme de numérisation. Parmi les textes conservés ainsi (dont Thomas le Solitaire et Le Mythe d’Ulysse transcrits par nous et édités chez Kimé en 2022 et 2023) se trouve entre autres une version manuscrite d’Aminadab, bien antérieure au roman publié par Gallimard en 1942, et qui daterait, pour ce qui est de cet avant-dernier état du texte, selon toute vraisemblance de l’année 1941. Comportant de multiples corrections, reprises, ratures, ou suppressions, ce manuscrit inédit est plus long d’un tiers de la version du roman que l’on connaît, dont on sait l’importance capitale pour l’œuvre de Blanchot et pour la littérature moderne. Ainsi, permet-il une nouvelle entente du travail de romancier de Blanchot, de ses hésitations et ses repentirs, ses tours et ses détours, ses pas de côté et ses pas en avant, ses audaces et ses scrupules. Aminadab, roman-labyrinthe, c’est donc, et dès le début, ainsi que le confirme cette avant-dernière version du texte, un work in progress, une œuvre à venir, toujours et encore en proie au désœuvrement. C’est ce que pourront constater, qu’ils connaissent bien ou encore mal l’œuvre de Blanchot, lectrices et lecteurs de cet Aminadab, version manuscrite qui paraîtra chez Kimé dès le 18 octobre 2024.

 L’Instant de ma mort en persan

Parham Shahrjerdi vient de publier la traduction persane de L’Instant de ma mort de Maurice Blanchot, exactement trente ans après sa première parution, le 22 septembre. Cette traduction est enrichie de notes contextuelles et de réflexions profondes sur l’acte de condamner à mort, sur ce qui se joue lorsqu’on décide d’exécuter un être humain. Parham Shahrjerdi revient sur l’exécution suspendue d’un écrivain — un parmi tant d’autres — qui a été conduit au bord de la mort, qu’elle soit par un mur d’exécution ou une corde passée autour du cou. Et au dernier instant, le bourreau, le régime, la Loi choisit de retenir la mort, laissant l’homme en sursis, condamné à vivre avec l’ombre de sa mort imminente.

Cette histoire est celle de Maurice Blanchot, mais elle fait écho à celle de milliers d’Iraniens, qu’ils soient célèbres, oubliés ou anonymes, exécutés, en sursis, ou dans l’attente de leur exécution. Ce n’est pas simplement une traduction, mais une mise en perspective, une résonance entre les époques et les destins, entre la littérature et l’histoire tragique des peuples.

Dans ses écrits qui accompagnent cette traduction, Parham Shahrjerdi souligne également les événements qui ont conduit Maurice Blanchot à rompre avec les éditions Fata Morgana, refusant catégoriquement toute compromission avec l’extrême droite. À une époque où la normalisation de l’extrême droite est devenue une banalité, ces rappels s’avèrent particulièrement importants.

Parham Shahrjerdi évoque également l’hospitalité inconditionnelle de Jacques Derrida, qui a offert à ce texte de Blanchot une demeure entière, accueillant son œuvre avec une amitié fidèle et une vigilance sans faille. Cette hospitalité est bien plus qu’un simple geste d’amitié : elle incarne des valeurs d’accueil inconditionnel, des qualités dont notre époque a désespérément besoin, mais qui lui font cruellement défaut.

Pour en savoir plus et découvrir la traduction persane de L’Instant de ma mort, rendez-vous sur le site de l’éditeur Nashré Paris.

Blanchot without Blanchot 

Zakir Paul publie un article intitulé « Blanchot without Blanchot » dans une revue en ligne, Boundary 2, publiée par les Presses de l’Université de Duke. Le titre est au moins à double entente. Rappelant les phrases de Derrida au colloque international « Maurice Blanchot, récits critiques » qui, en 2003, avait suivi d’un mois la mort de Blanchot, l’article s’inscrit dans le temps infini de la disparition de l’auteur et revient sur les nombreuses interprétations et controverses dont témoigne, depuis plus de vingt ans, la réception de l’œuvre. Il s’interroge également sur la structure syntaxique du « X sans X », très utilisée par Blanchot, parfois brocardée, mais extrêmement utile, aujourd’hui encore et peut-être plus que jamais, pour comprendre la pensée et le monde au-delà des binarismes qui en réduisent singulièrement la portée. C’est, pour Zakir Paul, tenter de définir quelle peut être de nos jours « la valeur d’usage de Blanchot ».

https://read.dukeupress.edu/boundary-2/article-abstract/51/3/173/390415/Blanchot-without-Blanchot?redirectedFrom=fulltext

Bibliographie des écrits de Maurice Blanchot

Ce travail se situe dans le prolongement d’au moins trois tentatives bibliographiques antérieures, celles de Mike Holland dans la revue Gramma, 3-4 et 5 (1976), de Leslie Hill dans Blanchot : Extreme Contemporary (Routledge, 1997), et de Christophe Bident dans Maurice Blanchot : partenaire invisible (Champ Vallon, 1998), auxquelles vient donc s’ajouter la présente qui, à terme, se voudrait définitive. 

De par sa nature même encore provisoire, le travail bibliographique dont nous faisons état ici relève aussi d’un important travail collectif. Ont déjà apporté références, précisions, ou encore vérifications indispensables (selon l’ordre alphabétique) : Christophe Bident, Dario Borso, Marco Della Greca, Kevin Hart, Leslie Hill, Mike Holland, Laura Marin, Ginette Michaud, Hannes Opelz, Parham Shahrjerdi : qu’ils en soient remerciés ; et nous invitons de même tous les usagers de cet espace Maurice Blanchot — chercheurs, étudiants, lecteurs, ou simples particuliers — à bien vouloir collaborer à leur tour en faisant parvenir au comité de direction du site toute correction ou information supplémentaire éventuelles. 

Courriel: contact {@} blanchot.fr

Livres en français

Articles de journaux et de revues, contributions à ouvrages ou manifestes collectifs, préfaces…

Signatures

Correspondances personnelles

Extraits d’archives

Insomniaques

Zakir Paul publie un article intitulé Insomniacs : Vigilance in Blanchot and Levinas dans la revue French Studies (Vol. XX, N°XX, 1-18 ; https://doi.org/10.1093/fs/knae003). Il propose une belle réflexion, nécessaire, qui montre à la fois les affinités et les divergences qu’entretiennent les pensées de Blanchot et de Levinas. C’est même, semble-t-il, leur point de départ : dès Thomas l’Obscur et De l’existence à l’existant, l’insomnie est une notion majeure, nécessaire à la pratique de l’écriture pour l’un et de l’éthique pour l’autre.

« This essay argues that Blanchot and Levinas concentrate on a breach in being that threatens the constituted subject by pushing beyond its concerns towards the impersonal horror of existence. »

Deuxième séance du webinaire international Maurice Blanchot / 5 juin 2024

Cette séance sera consacrée aux travaux actuels de deux doctorants et d’un récent docteur. Chaque intervenant proposera une communication de 20 minutes, suivie d’un temps de débat.

Lien Zoom:

https://u-picardie-fr.zoom.us/j/92236169155?pwd=QWRBbVdDN0l1dld4SWVNYUdXYUJwQT09

Alex Obrigewitsch, doctorant, Université de Sussex (Royaume-Uni)

« Pas de la Lettre : Entre Autobiographie et Allothanatographie, Derrida et Blanchot »

Depuis sa première parution, Demeure de Derrida s’est imposée comme la lecture de L’Instant de ma mort de Blanchot qui fait autorité (les deux textes allant jusqu’à partager la couverture du même livre dans leur édition anglaise). Mais par quelle autorité le texte de Derrida revendique-t-il une place aussi centrale ? Par quoi s’impose-t-il et demeure-t-il ? Pas plus qu’une lettre. Cette présentation propose une contre-lecture à l’autorité de la lecture de Derrida à la lettre, en demeurant dans l’esprit errant et itinérant de la pensée de Blanchot et suivant l’exigence de l’écriture. Contestant l’attestation par Derrida du caractère autobiographique du récit de Blanchot, cette communication insiste sur le caractère nécessairement allothanatographique de L’Instant de ma mort : son écriture, comme toute écriture, reste celui d’une autre mort, de la mort d’un autre. Reprenant la lecture du texte de Blanchot derrière Derrida, cette présentation s’oriente vers la lecture du récit avant la lettre, c’est-à-dire de ce qui demeure de son écriture, attestant de l’impossibilité de dire.

Salatyiel Zue Aba’a, doctorant, Université de Picardie – Jules Verne (France)

Blanchot, Levinas, Derrida : une notion de « justice indécidable »

Pendant longtemps, Emmanuel Levinas est resté l’un des interlocuteurs privilégiés de Maurice Blanchot. Ensemble, ils ont centré leur réflexion politique sur la question du langage. Séparément, mais toujours en écho, ils ont établi des notions telles que “le neutre” et l’ “Il y a”, des essais comme L’Entretien infini et Totalité et infini, avec le but de redonner un sens à un monde marqué par la terreur. À partir de 1963, les commentaires de Derrida ont donné un nouveau relief à ces rapports, en les orientant, entre autres, vers une notion de “justice indécidable”. Cette communication intervient dans le contexte d’une thèse de doctorat qui tente de penser l’exercice de la loi en lien à une pensée littéraire et philosophique et de justifier, à travers la responsabilité envers autrui, l’éthique du pouvoir qui émerge dans le langage.

Clément Willer, docteur, Université du Québec à Montréal et Université de Strasbourg

Le surgissement d’une « catastrophe » incontrôlable : une lecture des Impudents de Marguerite Duras (1943) à partir de la critique de Maurice Blanchot dans Le Journal des Débats.

La recension que livre Maurice Blanchot dans le Journal des Débats, en 1943, du premier roman de Marguerite Duras, Les Impudents, est une des premières traces de leur amitié. Les Impudents est l’histoire de Maud Taneran, jeune fille repliée dans une solitude sauvage, cherchant à échapper à un certain nombre de logiques familiales et sociales suffocantes. Sa mère la décrit comme une « catastrophe » énigmatique, incontrôlable. Revenant à la lecture de Maurice Blanchot qui en souligne la critique des aspects les plus « lugubres » de la société moderne, puisant aussi dans La Mort de la nature de l’historienne écoféministe Carolyn Merchant, il s’agira de déplier les significations anti-autoritaires et anti-patriarcales de ce premier roman. Il semble qu’on trouve en effet dans Les Impudents des prémisses de ce que Marguerite Duras nommera « refus sauvage » en 1968, expression associant une dimension que l’on peut qualifier de blanchotienne, celle du refus, et une dimension que l’on peut qualifier d’écoféministe, celle du sauvage.