Deux ans à peine séparent le moment présent du temps où, dans la foulée de l’écriture et de la soutenance de mon DEA, je lisais les pages denses, et cependant décevantes, de l’essai de Marlène Zarader consacré à Blanchot : L’Être et le neutre. À partir de Maurice Blanchot (Verdier, 2000). Quelques remarques préliminaires sur le titre de l’ouvrage, plus précisément sur son sous-titre. Il est bien écrit : « à partir » de Maurice Blanchot. Il s’agirait, par conséquent, dans le corps de l’essai, de réfléchir sur tout ce que l’œuvre de Blanchot donnerait à penser sur ces deux termes – l’être, le neutre – et sur leur éventuel antagonisme. L’être : l’objet de prédilection de la philosophie (à quoi la philosophie réfléchit-elle sinon à l’être ?) ; le neutre : ce qui, appelé aussi principe de contradiction, inquiète, remet en question la fameuse tautologie (l’être est, le non-être n’est pas). D’un côté la philosophie, le logos, le clarté du concept ; de l’autre la littérature, le hors-concept, l’« obscurité » de ce que Blanchot appelle « la parole d’écriture ».
Read More …Thomas Regnier
(Une version initiale de cet article a paru dans le dossier du Magazine littéraire consacré, en avril 2003, à Emmanuel Levinas)
Souvenirs d’une rencontre en 1923 alors que Levinas débute des études de philosophie à Strasbourg. Levinas, interrogé en 1987 par François Poirié, évoque ainsi le jeune Blanchot : « Je ne peux pas le décrire. J’ai eu d’emblée l’impression d’une grande intelligence, d’une pensée se donnant comme une aristocratie, très éloigné de moi à cette époque-là, il était monarchiste, mais nous eûmes très vite accès l’un à l’autre (1). » Dans une lettre à la rédaction d’Exercices de la patience datée du 11 février 1980, Blanchot commentait lui aussi ce moment : « Je voudrais dire, sans emphase, que la rencontre d’Emmanuel Levinas, alors que j’étais étudiant à L’Université de Strasbourg, a été cette rencontre heureuse qui éclaire une vie dans ce qu’elle a de plus sombre (2). »
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