The work of French writer and essayist Maurice Blanchot (1907–2003) is without doubt among the most challenging the twentieth century has to offer. Contemporary debate in literature, philosophy, and politics has yet to fully acknowledge its discreet but enduring impact. Arising from a conference that took place in Oxford in 2009, this book sets itself a simple, if daunting, task: that of measuring the impact and responding to the challenge of Blanchot’s work by addressing its engagement with the Romantic legacy, in particular (but not only) that of the Jena Romantics. Drawing upon a wide range of philosophers and poets associated directly or indirectly with German Romanticism (Kant, Fichte, Goethe, Jean Paul, Novalis, the Schlegels, Hölderlin), the authors of this volume explore how Blanchot’s fictional, critical, and fragmentary texts rewrite and rethink the Romantic demand in relation to questions of criticism and reflexivity, irony and subjectivity, narrative and genre, the sublime and the neutre, the Work and the fragment, quotation and translation. Reading Blanchot with or against key twentieth-century thinkers (Benjamin, Foucault, de Man), they also examine Romantic and post-Romantic notions of history, imagination, literary theory, melancholy, affect, love, revolution, community, and other central themes that Blanchot’s writings deploy across the century from Jean-Paul Sartre to Jean-Luc Nancy. This book contains contributions in both English and French.
Comme l’explique l’article ‘Trouvaille’, les épreuves de L’Entretien infini de Maurice Blanchot se trouvent désormais dans le domaine public, celui de l’ ‘immense parole qui di[t] toujours nous’ (Le Dernier homme, 112). C’est un grand geste qu’a fait l’Université de Harvard, c’est un grand moment pour les études littéraires, et ceux qui ont travaillé à sa réalisation sont à remercier et à féliciter. Les remarques suivantes se basent sur ces épreuves, que j’ai pu consulter, et sur quelques-unes des nouvelles perspectives qu’elles ouvrent. Comme je l’indiquerai, quelques épisodes de l’histoire de ce livre manquent encore, notamment en ce qui concerne un deuxième manuscrit hypothétique, et je ne peux que faire entendre une volonté d’en savoir quelque chose. La partie la plus révélatrice des épreuves est sans doute l’article ‘Le rapport du troisième genre (homme sans horizon)’, inédit lors de son apparition dans L’Entretien infini. Christie McDonald en aborde un aspect dans ‘Trouvaille’, et pour ma part je reformulerai ailleurs certaines remarques déjà faites à l’oral lors de la récente journée d’études Maurice Blanchot à l’Université Paris 7.
Nous remercions Jonathan Littell, auteur des Bienveillantes, qui nous autorise à mettre en ligne le texte qu’il a publié ce mois-ci dans la NRF, consacré à Maurice Blanchot. Charlotte Mandell, traductrice de Blanchot en anglais (Faux pas, Le livre à venir, La Part du feu, Une voix venue d’ailleurs), et traductrice de Littell (Les Bienveillantes, à paraître en mars chez HarperCollins à New York, sous le titre The Kindly Ones), a également traduit ce texte de Littell sur Blanchot.
Grâce à la suggestion et à l’entremise de Pascal Possoz, nous avons rencontré Didier Sicard. Cet entretien a eu lieu le 15 décembre 2008 à l’Université Paris 7 – Denis Diderot. Didier Sicard évoque pour nous sa lecture de Blanchot, l’importance que cette lecture a pour lui en tant qu’homme et que médecin.
Didier Sicard est médecin, ancien président du Comité consultatif national d’éthique de 1999 à 2008, dont il reste président d’honneur. Il est professeur de médecine à l’université René-Descartes et a été chef de service de médecine interne à l’hôpital Cochin, à Paris. Ouvrages du professeur évoqués dans cet entretien : La Médecine sans le corps, Plon, 2002 ; « L’instrumentalisation du plaisir » in Alain Houziaux (sous la direction de), Le Corps, un plaisir ou un poids ?, Les Editions de l’Atelier / Les Editions Ouvrières, 2006 ; préface et « Prudence et précaution » in Emmanuel Hirsch (sous la direction de), Ethique, médecine et société, Vuibert, 2007 ; préface à Donatien Mallet, La Médecine entre science et existence, Vuibert, 2007.
Suite à la réédition chez Gallimard au printemps 2008 des Écrits politiques de Blanchot sous la responsabilité d’Éric Hoppenot, un certain nombre d’écrivains et d’intellectuels ont alerté l’éditeur sur les nombreuses erreurs que comporte cette édition. Et ce, à plusieurs reprises : lors de deux rencontres rue Sébastien-Bottin en juin et en septembre, et par une lettre adressée à Antoine Gallimard fin octobre, signée des personnes suivantes : Monique Antelme, Andrew Benjamin, Gisèle Berkman, Christophe Bident, Danielle Cohen-Levinas, Marguerite Derrida, Michel Deguy, Kevin Hart, Leslie Hill, Mike Holland, Jean-Luc Nancy et Parham Shahrjerdi.
Nous avions indiqué sur le site dès le mois de juin quelques-unes des erreurs que comporte cette réédition. Dans l’attente d’une réédition de la réédition… nous jugeons nécessaire de faire part sans tarder aux lecteurs de l’ensemble des erreurs que plusieurs membres de notre comité de rédaction ont pu relever.
Principales erreurs relevées dans l’édition des Écrits politiques de Blanchot,
Gallimard, 2008,
sous la responsabilité d’Éric Hoppenot
Mélange constant de la parole de l’éditeur (EH) à l’écriture de l’auteur (MB), que la typographie parfois ne distingue pas.
Manque de précisions concernant les diverses versions du texte « Berlin » : ce texte avait d’abord été publié en italien ; comme la version française avait été perdue, Hélène et Jean-Luc Nancy l’avaient “restituée” depuis la version italienne, avec l’autorisation de Blanchot. Cette contribution rare et les noms des deux “traducteurs” se trouvent totalement effacés, pas même mentionnés, dans l’édition présente.
Effacement du rôle actif que prirent, avec Blanchot, Dionys Mascolo et Jean Schuster dans l’élaboration collective du Manifeste des 121 : le nom de Mascolo est à peine mentionné et celui de Schuster est effacé. Le fonds Mascolo déposé à l’IMEC, qui contient des éléments précieux, n’a pas été consulté.
Autres erreurs concernant l’histoire de la publication des textes.
Le texte « La Déclaration… n’est pas un manifeste de protestation » est présenté comme inédit. Il est dit en note qu’« il n’est pas possible de savoir à qui ou à quoi il est destiné ». Or il a paru dans la revue italienne Tempo Presente, comme l’indique François Maspero en le publiant dans Le Droit à l’insoumission en 1961.
Il n’y a jamais eu de « premier numéro » de la Revue internationale, mais un numéro zéro publié par la revue italienne Il Menabo.
La lettre à Ilija Bojovic avait déjà publiée par la revue Europe en août-septembre 2007 : cette référence n’est pas mentionnée.
Confusion entretenue dans l’édition du « Refus » : difficile de savoir, d’après la présentation, si on lit la version de 1958 ou celle de 1971. Même chose pour le texte princeps, « Sur une approche du communisme », dont la présentation évoque à la fois la publication de 1953 et celle de 1971. Or chaque fois c’est la seconde version qui est choisie, soit celle déjà publiée dans L’Amitié. Est-ce bien le choix éditorial le plus convaincant, et le plus cohérent, pour une édition qui se veut chronologique et qui dit emprunter aux « originaux conservés dans les archives de l’auteur » ?
Référence inélégante au second livre de Robert Antelme publié chez Gallimard : Robert Antelme, Inédits, etc. [sic].
Manque de précision dans certaines lectures de textes conservés dans les archives. Un texte de la revue Comité serait rédigé « par un certain Jacques » : pourquoi ne pas mentionner qu’il s’agit probablement de Jacques Bellefroid, directeur de publication de la revue ?
Rapidité de certaines formules qui peuvent donner lieu à des interprétations tout à fait inexactes. Notamment : « il se sépare des intellectuels d’extrême-gauche, souvent pro-palestiniens » : mais de quels intellectuels d’extrême-gauche ? de tous les intellectuels d’extrême-gauche ? étaient-ils donc tous pro-palestiniens ? que signifierait une telle « séparation » ? Ou encore : l’écriture politique de Blanchot est présentée en quatrième de couverture comme « une écriture de la réaction », sans autre précision – que signifie ici ou que laisse à signifier ce mot, « réaction », qui peut prendre bien des significations et bien des orientations ?
Fautes d’orthographe sur des noms propres ou communs importants : iman au lieu d’imam, Eyze au lieu de Èze, Enzberger au lieu de Enzensberger. L’imam en question est l’ayatollah Khomeiny : cela aurait pu être précisé.
L’article « La perversion essentielle » ne s’étalait pas sur huit pages de la revue Le 14-Juillet, mais simplement sur deux : p.19-20, et non 19-27.
Erreurs élémentaires d’histoire littéraire :
1. sur l’année de parution du Manifeste des 121 : le manifeste date de 1960. Le dater de 1961, comme cela est fait ici, en change le contexte et lui ôte beaucoup de son poids.
2. sur la période de collaboration de Blanchot à la NRF : aucun article n’y a paru entre 1938 et 1953, contrairement à ce qu’affirme la première page de l’ « avertissement » ; comment Blanchot pourrait-il publier, notamment entre la fin de la guerre et 1953, dans une revue qui n’existe pas ?
3. enfin et surtout, sur la date de rédaction d’Après Coup. Ce livre paraît aux éditions de Minuit en 1983, et non en… 1947. Le dater de 1947 laisse ainsi entendre que Blanchot a mentionné Auschwitz très tôt, deux ans après la « révélation » des camps. Après coup est une postface aux deux récits qui composent Le Ressassement éternel. Ces deux récits ont bien paru, eux, une première fois, en revue, juste après la guerre ; mais la postface date seulement de 1983. L’erreur n’est donc pas seulement chronologique. Elle est historique et elle engage la lecture de l’œuvre de Blanchot : Blanchot n’a pas (malheureusement ?) parlé d’Auschwitz en 1947, comme cette erreur de date le donne à croire. (À notre connaissance, la première mention des camps, rapide, date de 1950, à l’occasion d’un texte sur Cayrol, et la seconde, décisive, date de 1962, avec l’article sur le livre d’Antelme.)
Maurice Blanchot et la poésie Jacques Dupin Editions P.O.L
Extrait tiré de : Jacques Dupin, M’introduire dans ton histoire, Paris: P.O.L, 2007, p. 123/127.
Le souci premier de Maurice Blanchot n’est pas la poésie. On peut dire cela. Même s’il a écrit de nombreux essais, admirables, sur les œuvres de poètes qui comptent. Mais plus largement la question de la poésie est partie essentielle de sa réflexion sur la parole et sur l’écriture. (…) L’expérience de Maurice Blanchot rejoint, ou précède, assure et confirme, éclaire de sa lucidité, de sa vigilance, le vrai travail profond sur la langue auquel le poète, à ses risques et périls, ne peut à aucun moment se soustraire.
A propos de l’essai de Ginette Michaud : Tenir au secret (Derrida, Blanchot)
Ginette Michaud aborde la question du secret en derridienne. Il est vrai, c’est un certain type de secret qu’elle interroge dans Tenir au secret qui paraît chez Galilée (Paris, 2006) : c’est celui qui se noue entre Blanchot et Derrida, justement, et ce à travers L’Instant de ma mort[1]et Demeure[2], mais également à travers une lettre de Blanchot à Derrida. A l’endroit de cette lettre, Ginette Michaud fait d’ailleurs plus qu’explorer, en en proposant une « entrelecture » (p. 12), tous ces nouages qu’il y a entre un récit et un commentaire, un commentaire et un document, un document et un témoignage. Car à l’endroit de cette lettre dans laquelle Blanchot dit à Derrida qu’il « connu[t] le bonheur d’être presque fusillé » (p. 65), celle qui chemine fait « un pas de côté » (p. 11) par rapport à celui qu’elle accompagne par ailleurs de si près, un pas de côté qui l’éloigne un peu du philosophe et qui la rapproche sinon davantage de l’écrivain du moins de l’écriture. La figure de « l’acolyte » rencontre alors celle de « l’anacoluthe » (p. 126), pour le dire avec une formule qui appartient certes à Derrida, mais que Ginette Michaud semble avoir fait sienne à ce point qu’elle s’en sert comme d’un levier pour introduire et creuser un écart. C’est un décrochage critique, si l’on veut, et il laisse la place à une distance au sein d’une proximité toujours très grande. Or, c’est dans la mesure de ce recul que se tient précisément le secret mais aussi, et peut-être surtout, l’amitié et la responsabilité. Ainsi, tout reste relié, fût-ce par le biais d’une interruption. Reste à savoir comment et pourquoi.
« Dans l’œuvre l’homme parle, mais l’œuvre donne voix, en l’homme, à ce qui ne parle pas ».
Maurice Blanchot, L’espace littéraire
Avec la mort tout devient simple ! Jamais adage ne fut plus amplement vérifié. A l’occasion du premier anniversaire de la disparition de Maurice Blanchot, peut-être le temps est-il venu de faire le point.
Rappelons, pour commencer, les faits. Maurice Blanchot est attaqué avec constance en raison de son indéniable engagement politique à la droite de la droite dans les années 30 ; par ailleurs, son œuvre, qui porte haut « la mort », est régulièrement accusée de se complaire dans le nihilisme et « la nécrophilie » (1). Ce que récusent, arguments à l’appui, les plus fervents lecteurs de l’œuvre ! Vaine querelle, dira-t-on, si elle ne concernait l’un des penseurs et écrivains majeurs du XXème siècle, puisqu’au moins sur ce point les opinions convergent.