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La fin de Hugo Santiago | Parham Shahrjerdi

Hugo, 
Et ce geste ultime, parlons-en
Tu meurs, tu cesses d’exister et ta dernière volonté, ton dernier souffle, à bout de souffle, ça se passe ici
Au Crématorium du Père Lachaise
Finir, en finir avec la vie et les vivants,
Tout effacer, tous les signes qui rappellent l’homme que tu étais


Le corps que tu incarnais
La gueule que tu faisais
Les paroles que tu projetais
Les cheveux que tu abandonnais
L’accent que tu sauvegardais
L’image, l’imagerie que tu propulsais
Les langues que tu parlais
Les mains qui tu agitais
Et même. Même la barbe que tu taillais
Tout. Tout, Hugo
Tu les abandonnes aux flammes
Cette fin est délibérément radicale
Elle est brutale
Tout d’un coup, la fin de Hugo Santiago
L’homme qui est encore devant moi, qui n’est plus, sera encore plus que n’est jamais plus !
Ne pas se contenter de la mort, mais aller au-delà de la mort
Plus que la mort
Plus que la disparition
Arrêter tout
Effacer tout
Marquer le temps par un arrêt absolu
Je caresse le bois
Je touche le cercueil qui te contient
Et je sais, je sais que ça, même ça est condamné à devenir rien
A l’instant, le feu te réduira au néant
C’est la fin de la fin
Oui, Hugo, l’art de rendre soudaine la disparition. 

Dorénavant, comme autrefois, je te vois assis sur le canapé rouge
Rien de tout cela n’existe plus,
Et tout cela existe pour toujours.

7 mars 2018

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