Espace Maurice Blanchot

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Jean-Luc Nancy

Monique | Jean-Luc Nancy

Nous ne nous sommes vraiment connus qu’un peu tard, au moment de la mort de Blanchot. Monique pourtant n’est pas longtemps restée pour moi la médiatrice de Blanchot, celle aussi, en un autre sens, de celui dont elle portait le nom. Elle est vite devenue “Monique”, cette flamme, cette vigueur, cette vie. Nous avons eu un différend, sur un aspect du passé de Blanchot, mais je peux dire qu’il faisait bon disputer avec elle car elle avait le talent rare de toujours laisser sentir à l’autre son affection mêlée à sa contestation. Bien sûr il faisait encore meilleur la voir et l’entendre rire. Elle était espiègle, spirituelle, caustique, exigeante et inquiète. Elle avait une allégresse que ne pouvaient pas démentir, à la longue, les plus lourdes peines – et nous savons celles qu’elle a connues. Avec Monique c’est le nom d’Antelme qui vibre encore, une fois de plus disparu, une fois de plus parmi nous. Car ni les noms ni les lueurs qu’ils propagent ne disparaissent, ni le vie qui les a rendus vivants. Avec combien d’autres disparus toujours proches vous êtes là, Monique, parmi nous…

Je vous entends, j’entends votre voix, je vois vos gestes francs.

Je vous embrasse. Jean-Luc.

Philippe Lacoue-Labarthe, la syncope reste ouverte | Jean-Luc Nancy

A toi, Philippe, pour te saluer. Pour te dire un adieu qui ne te promet aucun Dieu, puisque tu es parti vers rien ou vers toi-même, à moins que ce ne soit vers nous ­ enfin tourné, retourné vers nous, forcément détourné des lointains vers lesquels tu ne t’en vas pas puisqu’ils ne sont pas. A toi qui es entré dans la seule présence pour toi douée de stabilité, dans la station et sur la stèle où tu déchiffrais l’immobilité dangereuse de ce qui se prétend identifié : la figure cernée, érigée. Entré dans l’inadmissible, disais-tu, de cette stance : l’étant transi, rien qu’étant, soustrait à l’infini d’être. Entré dans ce révoltant non-lieu d’être.

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Maurice Blanchot | Jean-Luc Nancy

L’entretien infini, avec ce titre – celui d’un des plus imposants de ses ouvrages – on pourrait tenter d’emblématiser la pensée de Maurice Blanchot. À dire vrai, moins une pensée qu’une posture ou un geste : celui d’une confiance. Avant tout, Blanchot fait confiance à la possibilité de l’entretien. Ce qui s’y entretient (avec un autre, avec soi-même, avec la propre poursuite de l’entretien), c’est le rapport toujours renouvellé de la parole avec l’infini du sens qui fait sa vérité. L’écriture (la littérature) nomme ce rapport. Elle ne transcrit pas un témoignage, elle n’invente pas une fiction, elle ne délivre pas un message : elle trace le parcours infini du sens en tant qu’il s’absente. Cet abstentement n’est pas négatif, il fait la chance et l’enjeu du sens même. « Écrire » signifie approcher sans relâche la limite de la parole, cette limite que la parole seule désigne et dont la désignation nous illimite (nous, les parlants).

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Présence de Maurice Blanchot dans La Déclosion de Jean-Luc Nancy | Gisèle Berkman

Présence de Maurice Blanchot dans La Déclosion, (Déconstruction du christianisme, I), de Jean-Luc Nancy, éditions Galilée, 2005

La Déclosion occupe une place importante dans le champ d’une pensée qui se veut attentive au fait religieux, à sa signification, à sa possible déconstruction.[1] La singularité et la force du livre tiennent à l’articulation des thèses qui en forment la nervure sous-jacente- même si, précisément, il s’agit pour Jean-Luc Nancy de défaire toute affirmation dogmatique, toute présomption d’un sens se voulant unique et présent à soi. Déconstruire la religion chrétienne, (dans la mesure où christianisme et occidentalité, pour Jean-Luc Nancy, s’entr’appellent) en ré-ouvrant le rapport la raison, et en auscultant la provenance occidentale du sens : telle pourrait être, pour le résumer au risque de le schématiser, le programme du livre.

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