Nous ne nous sommes vraiment connus qu’un peu tard, au moment de la mort de Blanchot. Monique pourtant n’est pas longtemps restée pour moi la médiatrice de Blanchot, celle aussi, en un autre sens, de celui dont elle portait le nom. Elle est vite devenue “Monique”, cette flamme, cette vigueur, cette vie. Nous avons eu un différend, sur un aspect du passé de Blanchot, mais je peux dire qu’il faisait bon disputer avec elle car elle avait le talent rare de toujours laisser sentir à l’autre son affection mêlée à sa contestation. Bien sûr il faisait encore meilleur la voir et l’entendre rire. Elle était espiègle, spirituelle, caustique, exigeante et inquiète. Elle avait une allégresse que ne pouvaient pas démentir, à la longue, les plus lourdes peines – et nous savons celles qu’elle a connues. Avec Monique c’est le nom d’Antelme qui vibre encore, une fois de plus disparu, une fois de plus parmi nous. Car ni les noms ni les lueurs qu’ils propagent ne disparaissent, ni le vie qui les a rendus vivants. Avec combien d’autres disparus toujours proches vous êtes là, Monique, parmi nous…
Je vous entends, j’entends votre voix, je vois vos gestes francs.
Je vous embrasse. Jean-Luc.