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Pierre Madaule

Une tâche sérieuse… et folle ?

Il y a quelques semaines, Stéphane Madaule, fils de Pierre, publiait Mais voici la Sibylle de son oncle Puységur (Les impliqués, 2024), où le personnage d’Edmond cherche des réponses supplémentaires aux mystères de la grande bibliothèque, dont les femmes font de la lecture… une tâche sérieuse. Mais voici que sort ces jours-ci un autre livre posthume, Ma Folie – Blanchot, de Pierre Madaule, qui tisse un récit de mémoire, de rencontre et d’échange avec Blanchot, composé de « quarante-six journées » de lecture, d’écriture et d’anamnèse, ainsi que d’annexes comprenant des lettres écrites par Madaule à un autre admirateur, Roger Laporte.

Une tâche sérieuse

En 1973, Pierre Madaule publie chez Gallimard un des tout premiers livres portant sur l’œuvre de Blanchot : Une tâche sérieuse ? Madaule et Blanchot s’écrivaient alors depuis vingt ans et continueront à échanger ensuite. Après la mort de Blanchot, Madaule publiera cette correspondance (Gallimard, 2012).

Mais le livre de 1973 est aussi le début de ce qu’on pourrait nommer aujourd’hui une trilogie, composée par deux frères, Pierre et Edmond, l’aîné, qui use, lui, du pseudonyme de Puységur. Écrit en 1952-1953, publié en 1983 chez Flammarion, La Grande bibliothèque de Puységur est un récit présentant au lecteur une bibliothèque dont tous les livres sont incarnés par des figures féminines. Pierre Madaule poursuit ce travail avec Véronique et les Chastes (Ulysse fin de siècle, 1988), qui se déroule dans le même univers littéraire que La Grande bibliothèque.

Aujourd’hui, Stéphane Madaule, fils de Pierre, publie Mais voici la Sibylle de Puységur (Les impliqués, 2024), suite du récit de La Grande bibliothèque, où le personnage d’Edmond cherche des réponses supplémentaires aux mystères de la grande bibliothèque, dont les femmes font de la lecture… une tâche sérieuse. 

Disparition de Pierre Madaule

Pierre Madaule vient de mourir, dans sa 93e année. Il aura publié l’un des tout premiers livres sur Blanchot, Une tâche sérieuse ?, chez Gallimard en 1973. Qu’une phrase ou deux de littérature puissent suffire à bouleverser une vie, Madaule en porte un témoignage exemplaire : c’est le retrait de quelques lignes lors de la réédition de L’Arrêt de mort, dont il s’aperçut, qui le marquera jusqu’à la fin de ses jours. Il restera comme envoûté par ce manquement et par tout ce qu’il signifie de l’œuvre dont il permet, en creux, l’orientation de la lecture. Une lecture parfois décriée comme monomaniaque, mais assurément singulière.
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L’hommage de Patrick Kéchichian dans le journal Le Monde